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Mille et une saisons vous présentent son spectacle : Nuit Blanche.

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La compagnie Mille et une saisons présente : Laurence Caradec

Spectacle tout public :

Nuit Blanche

Spectacles

 

« Je me demande si la liberté qui court en moi n'est pas née ce jour-là. »

De et par Laurence Caradec

Spectacle tout public à partir de 8 ans
Durée : 1 heure
Créé à Toulouse le 9 juin 2008
Mise en mouvement et en lumière : Jean-Luc Datcharry
Production : Compagnie Mille et une Saisons

« Trois heures du matin, c'est pas le matin, c'est la nuit. »
Sur scène : un banc, un réverbère et une femme.
Le banc écoute, le réverbère éclaire et la femme raconte :

Nuit Blanche

Georges Malpair, Françoise, Daphnée, Louis, Sylvie Leforestier… échangent contre le sommeil un souvenir. Ce moment clé où tout bascule : on croit trébucher, en fait on s'envole au plus près de soi même.

Des récits de lits, de tranches de vies, de l'intime, du profond, du léger, du vrai, du drôle, de l'étrange, du cocasse, du triste, du tendre, du coquin, du câlin, du fort, du puissant, du qui désarme : « de l'Humain ».

Derrière chaque souvenir, une porte s'ouvre, une lumière s'allume. Un souffle qui transforme les blessures de la vie en éclats de rire, les chagrins en demain.

Laurence Caradec est née en 1961 à Paris, elle est maman de quatre enfants. Formée à l'art du conte au CLIO (Centre de littérature Orale) depuis 1987. Auteur de littérature Jeunesse éditée, elle obtient le Grand Prix International du Livre Jeunesse de Bologne en 1992.

Médiatrice culturelle et intervenante en formation au CNFPT, à l'école d'éducateur Enfance Nouvelle de Toulouse ainsi qu'à l'Université René Descartes.

Elle produit sur scène des spectacles de contes depuis 1994. Elle est à l'origine de la compagnie Mille et une Saisons en 2000.

Formée par Pépito Matéo, elle pratique le collectage de mémoires, pour la rédaction d'ouvrages comme pour la création de spectacles vivants.

NAISSANCE DU PROJET

Ce spectacle a été créé le 9 juin 2008. Il s'agit d'une création qui a pour substance un collectage de mémoires au chevet des patients du CHU de Toulouse. Commandé par la direction de la communication, relayé par les services d'actions culturelles, ce spectacle a été financé par la DRAC, l'Agence Régionale d'Hospitalisation, la Mairie de Toulouse et les établissements de Rangueil et de Purpan.

 

Francoise « Avant, j'étais normale. Absolument normale. Mariée, deux enfants, une maison, un jardin, un fil pour étendre le linge »

 

Georges Malpaire « De toute façon, t'es rien qu'un bâtard, ta mère c'est ta sœur et ton père c'est rien qu'un vieux dégueulasse ! »

 

 

Louis « Le lit ? Je vois un grand Noir sur un petit lit blanc. Le grand Noir, c'est moi. »

 

 

Colette « Z'aime pas les zanges, ze préfère le Père Noël, lui au moins il m'apporte ce que ze demande

 

 

Louis « Le matin, c'est une infirmière qui m'a réveillé, mais pas elle, parce qu'elle était morte. »

 

 

Alexandre : J'lui ai répondu « Te mets pas la rate au court-bouillon cocotte, toi aussi tu préfèrerais pioncer jusqu'à 10 plombes… »

 

NUIT BLANCHE

Au Moyen-Âge, avant d'être adoubés, les futurs chevaliers veillaient une nuit entière tout de blanc vêtus. Ce rite initiatique de jeûne et de méditation les préparait à leurs épreuves à venir.

 

INTERVIEW DE LAURENCE CARADEC

Aujourd'hui, on parle de plus en plus de conte et de conteurs, comment vous situez-vous dans ce mouvement ?

Il faut dire qu'à mes débuts il y a une vingtaine d'années, nous étions beaucoup moins nombreux. J'ai commencé par l'écriture de littérature pour la Jeunesse, puis je me suis formée au Conte. Aujourd'hui, j'ai ajouté une autre corde à mon arc : le collectage. C'est Pepito Matteo qui m'a transmis cet art délicat. C'est une expérience forte et structurante que de partir à l'écoute de ses contemporains pour fabriquer des récits de vie.

Comment s'inscrit Nuit Blanche dans votre cheminement ?

J'ai créé ICI, mon premier spectacle à partir de témoignages d'anciens du Lauragais. En 2007, j'ai répondu à une proposition de collectage au CHU de Toulouse, plus précisément auprès des patients du service d'hémato-oncologie de Purpan et de Médecine Physique de Rangueil. Comme tout collectage, c'est d'abord et forcément une aventure humaine, mais celui-ci…

La confrontation à la souffrance vraie, à l'inéluctable fait que la parole revêt une forme d'urgence totale. Aussi bien pour celui qui la délivre que pour celui qui l'écoute. Par exemple, Louis, un des personnages, pendant plusieurs semaines, je lui ai raconté des histoires, il me posait des questions sur mon métier, mon parcours avec un vrai intérêt. Puis il se trouve qu'un soir, j'ai été lui dire au revoir alors que j'étais sur le point de partir : c'était l'hiver, donc manteau, écharpe, chaussures…

C'est là qu'il m'a dit « Faut que je te dise. » Je pense que le fait qu'il ait attendu ce moment pour se dévoiler ne doit rien au hasard. Cette parole, il voulait la délivrer à une femme et non à une professionnelle.

Comment trouver la bonne distance dans ce genre de situation ?

C'est là l'essence même du collectage : Accueillir la parole d'une façon profondément humaine et paradoxalement, garder une distance professionnelle. C'est un travail d'équilibriste, de recherche permanente du juste.

Comment faire émerger un spectacle de ce genre de témoignage ?

Encore une fois la distance. Le travail de restitution écrite permet cela justement, et d'une façon très naturelle, les témoignages deviennent personnages. La difficulté pour moi, se situerait plutôt dans le lien : mettre en évidence la force commune de ces humains confrontés à une épreuve. Pour beaucoup, la maladie n'est pas seulement souffrance, mais elle constitue une sorte de rendez-vous avec la vie.

Et pourtant dans Nuit Blanche, beaucoup de vos personnages ne parlent pas de maladie.

Oui, en effet, les patients ne sont pas seulement des malades, ce sont des individus : comme indivisible, qu'on ne peut diviser. Ils arrivent à l'Hôpital avec un corps souffrant, certes, mais aussi une histoire personnelle, un futur. J'ai gardé comme sous-titre une citation du dernier récit « Je me demande si la liberté qui court en moi n'est pas née ce jour-là. » C'est là le vecteur commun, mettre en scène une étincelle de vie.

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