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Spectacles

Mille et une saisons vous présente son spectacle : La Na Loba, voyage initiatique au temps des troubadours.

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La Na Loba

Voyage initiatique au temps des troubadours

Laurence Caradec

Conte

Spectacle tout public à partir de 8 ans
Durée : 1 heure
Commandé par le Musée et Jardins du Canal du Midi
Créée le 6 juillet 2011 à Revel-Saint-Ferréol
Mise en mouvement et en lumière : Jean-Luc Datcharry
Production : Compagnie Mille et une Saisons

La Na Loba

« Nous sommes maintenant à la fin du mois de novembre. Une nuit, Allouma est réveillée par la lueur de la lune grosse comme un ventre de femme grosse qui perce à travers le papier huilé de la fenêtre. Sept loups sont assis en rond sur la neige de la cour. Bientôt, une jeune louve se dresse et hurle à la lune. »

Le chevalier Denis de Beaupuy s'en revient du pèlerinage de Constantinople. Il se souvient de son départ, de la perte de son compagnon l'Amadou. Sur le chemin du retour, il rencontre une caravane de marchands venus d'Orient, il tombe amoureux d'Allouma : « à 10 h convertie et baptisée, à midi épousée ». Il ramène sa conquête au pays, c'est le début du printemps : festins, tournois, bals masqués... Arrive l'automne Denis doit partir guerroyer, il abandonne Allouma au froid et à la solitude. Un soir d'hiver elle voit des loups, sa vie bascule, elle n'est plus seule. Les meutes de loups ravagent le pays. Denis revient et décime les meutes de loups, coupe la patte d'une jeune louve...

Naissance du projet

Parfois, les histoires que l'on vit ressemblent aux histoires que l'on raconte... C'est entre veille et sommeil, sur le plateau du théâtre de La Na Loba, entre deux représentations, que cette histoire a pris corps dans mon esprit Avant même de jouer dans ce théâtre, son nom m'avait touché, interpellée, autant par sa consonance que par sa forme graphique. Il provenait, paraît-il d'une légende de louve-femme, de femme-louve...

 

« La route est légère désormais. Elle lui raconte les récits qu'elle a glanés sous ses semelles de vent. Il lui raconte son pays, sa maison, ses vignes, ses champs, ses paysans. Les festins, les tournois, les bals. La tête leur tourne, leurs cœurs s'enivrent. »
« Denis s'agenouille, il porte à son visage une poignée de terre de la vigne, la regarde, la hume, la respire, la mangerait, la mâcherait presque. »

 

Lanquan li jom son
Lonc en may
M'es belhls dous chant
D'auzelhs, de lonh
Et quan mi suy
Partitz de lay,
Remembra'm d'un amour
De Lonh :
Vau de talan
Embroncx é clis
Si que chans
Ni flors d'albespis
No'm platz plus
Que l'yverns gelatz

Chant troubadour de l'amour lointain

Quand les jours
S'allongent en mai
Me plaît un chant
D'oiseau lointain
De ce doux lieu éloigné
Me revient
Un amour lointain
Je vais pensif
Les yeux baissés,
Chant dans l'arbre
Et fleur d'églantier
Me sont
Comme gelée d'hiver

Traduction Henri Gougaud

Un Voyage initiatique au temps des troubadours...

Cette création marie conte, chants et mouvement pour apporter une profondeur supplémentaire à ce voyage initiatique, ajoutant à l'évocation la sensation. La partition originale conjugue la chaleur des chants de l'Europe de l'Est, les chants froids et lugubres de l'hiver et le lyrisme du désespoir.

La mise en lumière et la mise en mouvement s'orientent selon deux axes : le cercle, faisant référence à la meute, au cercle des loups, au voyage et au destin... et le carré du monde des hommes, du château, de l'enfermement.

Cette forme de mise en abîme fait écho à la substance intime du Conte : mettre en mouvement nos émotions conscientes et inconscientes.

Le chant naît en différents lieux du plateau, enveloppant le spectateur et créant une architecture sonore et sensorielle.

 

Interview de Laurence Caradec

Depuis quelques créations Laurence, vous vous étiez tournée vers le collectage...
Oui, depuis Ici, avec Nuit Blanche commandée par le CHU de Toulouse et Petite Histoire avec le Musée et Jardins du Canal du Midi, mais aussi Boite à souvenirs pour la Médiathèque José Cabanis de Toulouse, j'avais beaucoup répondu à la demande d'institutions. La Na Loba a donc pour moi un petit goût de liberté retrouvée ! J'avais envie aussi de retrouver la jubilation d'une expression plus personnelle.

Et pour la première fois, vous vous attaquez au conte long ?
C'est vrai. Le conte long est une forme exigeante, qui est pour moi celle de la maturité et du souffle. Et le souffle de La Na Loba est évident, c'est un souffle épique ! C'est une création originale, mais qui reprend des motifs traditionnels du conte : voyage initiatique, quête, recherche amoureuse, métamorphose... J'ai le sentiment paradoxalement en écrivant ce voyage initiatique de rentrer à la maison...

Comment avez-vous abordé l'écriture de ce spectacle ?
Comme pour chacune de mes créations, je me suis plongée dans l'univers que je défends : par mes lectures, la musique médiévale, ou même la cuisine ! C'est indispensable à l'écriture d'un spectacle sensoriel : le vocabulaire, la gestuelle, les chants, jusqu'à la position des mains ou le port de tête... Une musique narrative, une métrique juste ne peuvent s'inventer.

Paradoxalement, on a le sentiment d'une écriture plus intime...

Il est vrai que c'est aussi pour moi un spectacle de la maturité. Je suis à un moment de ma vie où je ressens très fortement l'impermanence des choses. Cette impermanence n'est pas forcément mélancolique, ce n'est pas seulement la perte, mais aussi le temps qui guérit et une forme de sagesse. Dans La Na Loba, l'amour s'arrose comme une fleur, s'entretient comme un feu et rien n'est jamais acquis.

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