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La Compagnie Mille et une saisons et la conteuse Laurence Caradec proposent : L'heure bleue, La Grande Guerre à hauteur d'Homme

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L'heure bleue

La Grande Guerre à hauteur d'Homme

Projet

L'idée : Aborder de façon poétique et symbolique la première Guerre Mondiale, entrer dans l'intime des familles séparées et meurtries, symboliser la violence des conflits par les percussions : battements de coeurs, charges, assauts... Faire refleurir l'espérance par la poésie...

C'est ce nous tenterons de faire dans une création à fleur de mots, pudique et puissante, ni leçon de morale, ni leçon d'Histoire. C'est à une prise de conscience collective et individuelle que nous nous livrerons. Pour que l'oubli n'enterre pas une deuxième fois les héros et pauvres gars, pour rendre hommage aux Femmes obscures et sans-grades, qui du jour au lendemain ont pris en main la ferme, l'usine, la boutique, le village, l'hôpital, l'école... Pour se souvenir et préparer l'avenir.

C'est dans cet esprit que nous nous attèlerons à une création intergénérationnelle atypique et humaniste.

Je vous propose ici un conte qui reflète l'ambiance du propos que j'aimerais défendre dans « L'heure bleue »

Un Projet culturel intergénérationnel

l'Heure Bleue

Cette création basée sur le récit et le conte a pour ambition de concerner à la tragédie que représente la Grande Guerre.

Nous nous adresserons au citoyen d'aujourd'hui et de demain, pour faire surgir le dialogue et la réflexion.

Nous espérons ainsi permettre aux parents d'exprimer des valeurs et de les transmettre à leurs enfants, chose qui aujourd'hui ne semble pas naturelle dans certaines familles. Nous osons penser que ce moment de culture intergénérationnelle pourrait faire naître la parole et l'échange.

Tout en respectant une certaine rigueur historique, nous nous sommes attachés à rendre le propos accessible aux gens d'aujourd'hui. Les deux héros du dernier conte, Jeannot et Jeannette, leur ressemblent, et vivent dans une famille qui pourrait être la leur.

« C'est sûr, le Jean et la Jeanne, on peut pas dire qu'ils s'étaient beaucoup fatigués pour trouver des prénoms à leurs jumeaux. Ils les avaient appelés Jeannot et Jeannette ! Il faut tout de même vous dire qu'en ce temps-là, dans la plupart des fermes vivaient ensemble plusieurs générations : y avait bien sûr le père, la mère, leurs nombreux enfants, les grands-parents, un vieil oncle ou une vieille tante célibataire... Il était courant qu'on soit une douzaine autour de la table. Mais aux Quatre Vents c'était différent. »

Pour se souvenir et préparer l'avenir

l'Heure Bleue

À l'heure où certains de nos jeunes pensent encore « Que la guerre est jolie ! » et sont prêts à partir sacrifier leur vie pour une idéologie dont ils ignorent tout ou presque, il nous apparait urgent de délivrer un message qui permette la prise de conscience de l'impasse du conflit, d'oser leur proposer un hymne à la paix !

 

On ne devient pas un Homme en se battant
mais en combattant ses démons intérieurs,
On devient un Homme en s'acceptant,
pour mieux accueillir l'autre dans sa différence.

Le Contenu

La création s'articulera autour de deux contes et d'un récit. Elle débutera, s'achèvera et sera ponctuée par des évocations de l'heure bleue, notion poétique liée au passage de la nuit au jour et du jour à la nuit.

L'heure bleue - extraits

« L'heure bleue, c'est une heure incertaine, c'est une heure entre-deux, l'heure bleue c'est un espace infime entre le jour et la nuit. [...]

Pieds nus dans le grenier, c'est à ce moment-là que j'ai ouvert la malle qui renfermait le temps passé : de la poussière et des photos piquetées, des livres d'Histoire, des lettres jaunies, la plume d'un oiseau blanc et dans un étui à lunettes, les deux moitiés d'un ruban. [...]

L'heure bleue c'est le moment où tu te réveilles et que tu voudrais croire à un mauvais rêve, mais faut repartir : marche ou crève.

L'heure bleue, c'est le moment où tu te demandes s'il est encore vivant, ton homme, ton frère, ton enfant.

L'heure bleue c'est l'amour retrouvé, les enfants ont grandi, ils courent dans les prés, la vie peut enfin recommencer »

l'Heure Bleue

Le premier conte s'intitule « La goutte de miel ». Il s'agit de l'adaptation d'un très long conte arménien, qui à l'origine est en vers. Il raconte une succession d'évènements, qui dans un premier temps pourraient être qualifiés d'anecdotiques, puis c'est l'escalade, et la goutte de miel est à l'origine d'une guerre sans merci.

J'ai fait le choix de réduire de façon considérable ce conte pour n'en garder que l'argument : il suffit parfois de presque rien pour déclencher des évènements aux conséquences dramatiques.

 

La goutte de miel - extraits

« Je suis Hélène, fille de Marguerite et de Jules. Mes parents possédaient quelques ruches, ils domestiquaient des essaims sauvages et fabriquaient le meilleur, le plus parfumé des miels. Il faut pourtant maintenant que je vous raconte, la seule et unique histoire que je connaisse. Je devais avoir une dizaine d'années quand c'est arrivé.

Je me souviens très bien du temps qu'il faisait ce jour-là, et de l'ambiance de repos tranquille qui régnait au village. Les moissons étaient à l'abri, le raisin vendangé, la récolte des fruits dans les vergers n'avait jamais été aussi abondante et l'air était doux, si doux [...°

Un homme est arrivé chez nous, c'était un berger que nous connaissions il habitait le village voisin, il était accompagné de son chien, un molosse énorme, il tenait à la main son bâton de berger. […]

Et le corps de mon père s'affale sur celui du chien, affalé sur celui du chat, cachant la mouche noyée dans le miel [...]

Longtemps après ceux qui ont survécu par miracle, se demandent pourquoi et comment tout cela a–t-il bien pu commencer. »

Le récit qui suit, « Le ruban » nous amène à entrer dans le quotidien d'un couple de jeunes mariés séparés par la guerre. Des circonstances de leur mariage précipité à leur correspondance, nous partagerons avec Lise et Gaston des moments de vie où se mêlent intime et universel.

Le Ruban - extrait

« Pour mon mariage, on m'avait dit qu'il fallait porter : quelque chose de neuf, quelque chose de vieux, quelque chose de doux et quelque chose de bleu...

Pour le neuf j'avais le voile. Pour le vieux : la robe, c'était celle de ma soeur aînée. On était en temps de guerre, enfin juste avant la mobilisation, enfin pour tout vous dire notre mariage avait été prévu, le 16 septembre, vu qu'il était mobilisé le 4 août on avait dû avancer...

Pour le doux, j'avais tapissé mon corset de coton hydrophile, du coton blanc qu'on achetait alors chez le pharmacien. À l'époque j'étais guère épaisse, disons que ça me donnait un peu de la conversation... pour le bleu, j'ai longtemps cherché, jusqu'à la veille au soir.

Et puis voyez comme la vie c'est étrange; il est passé pour dire un mot à mes parents, je n'me souviens plus quoi... et avant de filer, il m'a glissé un ruban dans la main, un ruban bleu. Le ruban bleu je l'ai cousu, à l'intérieur de la robe, là juste à la taille, là où il posait ses mains quand on dansait. »

Le dernier conte, c'est le conte de l'espoir et de la paix retrouvée « La ferme des Quatre Vents ». Ici il s'agit d'une famille dont nous partagerons les tourments.

Après quatre ans de guerre, le père revient enfin, mais « la mécanique de son coeur est brisée ». Ce n'est plus le même : le père attentionné, le mari aimant, l'homme enjoué et bon vivant a été transformé par la guerre en un être frustre et mutique. Jeannette et Jeannot, ses jumeaux, trouveront le moyen d'un faire un homme neuf et heureux à nouveau.

La Ferme des quatre vents - extrait

« … Et les enfants chaque soir de demander : « Dis, tu crois qu'il a faim, Papa, dis, tu crois qu'il a froid, Papa, et dis tu crois qu'il a peur, dis tu crois qu'il pense à nous là bas... ? »

Et la mère de tous les soirs trouver des réponses : « Mais non, il a pas faim, ils leur donnent à manger là bas, sinon il pourrait pas s'battre...

Mais non il a pas froid vot'e père, il a jamais été frileux et puis il est bien couvert, je lui ai envoyé un bon cache-nez que je lui ai tricoté... Ha ça non il a pas peur, c'est un sacré bonhomme et courageux avec ça votre papa...

Mais oui, il pense à nous, il nous le dit dans toutes ses lettres... »

La conception musicale

Concernant le travail du musicien il ne s'agit pas d'un simple accompagnement destiné à distraire le spectateur ou esthétiser le propos. Le violoncelle et le cymbalum ici, ont un rôle éminent à jouer. Elles génèrent sens, frissons, émotions et profondeur à cette création sensorielle.

l'Heure Bleue

Coen Engelhard, musicien hollandais d'origine, prend part à l'aspect narratif du propos avec sa voix profonde et l'accent qui la caractérise en traduisant certaines paroles, donnant ainsi une profondeur vertigineuse à cette création universelle à fleur de voix.

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