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Spectacles

Laurence Caradec et la Compagnie Mille et une saisons présentent : La voix des Pierres, Récits secrets des profondeurs de la terre.

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La voix des Pierres

Récits secrets des profondeurs de la terre

« En une nuit mon rêve fut brisé. Je tenais contre mon cœur la vie balbutiante de notre enfant, tandis que la vie s'échappait du corps de celle qui me l'offrait et que j'aimais sans limite. [...] Mais bientôt mon fils me redonna goût à la vie. Il était aussi beau, gai et vif que sa mère l'était, alors j'ai décidé de lui consacrer toute mon existence. Durant sa jeune enfance, je le veillais, le nourrissais, le baignais, comme aurait fait une mère. [...] Pour ses vingt ans, j'ai convaincu mes plus fidèles amis, et c'est pour lui que nous avons construit le théâtre qui fit longtemps l'honneur de notre ville. Je l'entends encore dire l'histoire d'Orphée. Il tirait des larmes aux plus endurcis, faisait frissonner les plus téméraires. »

Chaque histoire de ce spectacle a tiré son inspiration d'une pièce du Musée : un silex biface, une fibule, une lampe à huile, la plaque du théâtre antique...

La Voix des Pierres

Ces récits défendent un univers à la fois rugueux et complexe : une évocation du souffle vital des origines, un esclave amoureux de la fille de son maître, un conte facétieux dans lequel une truie avalera la lune, le conte d'une goutte de miel douce-amère...

Cette création nous renvoie à des peurs irrationnelles que notre société contemporaine traduit par la peur de l'autre. L'étranger, d'aussi loin qu'il vienne, est aussi notre frère humain.

À l'origine du projet...

Une rencontre entre la conteuse Laurence Caradec et Lucie Falcou, adjointe au patrimoine d'Eburomagus, Musée Archéologique de Bram.

Les collections constituent une matière passionnante pour les amateurs éclairés d'Histoire. À l'occasion des Journées du Patrimoine, nous voulions trouver un biais pour permettre au grand public de toucher du doigt la réalité historique et humaine de ces périodes méconnues.

Mon travail d'écriture, qui plonge pourtant profondément ses racines dans le territoire, ne m'avait pas encore amenée jusqu'au cœur des vestiges archéologiques ! C'est chose faite avec La Voix des pierres.

 

Eburomagus, Musée archéologique de Bram : Époque antique et Moyen-âge, préhistoire et protohistoire de l'ouest Audois, espace rural et agriculture à l'époque romaine, village circulaire et espace médiéval, pratiques funéraires jusqu'au Moyen-âge, autant de sujets à découvrir à travers un choix de pièces uniques.

2 rue du Razès, 11 100 BRAM – 04 68 78 91 19 – www.erobumagus.com

 

Entretien avec la Conteuse Laurence Caradec

En tant que conteuse, quels sentiments, quelles images viennent à vous lorsque vous vous trouvez pour la première fois face aux pièces d'Eburomagus ?

Quand je me trouve face à un objet du passé lointain, il m'arrive d'être habitée d'une émotion particulière. J'imagine la personne qui a fabriqué cet objet, et surtout les mains successives dans lesquelles il est passé... En découvrant les pièces d'Eburomagus, j'ai tout de suite plongé dans la familiarité des objets, et des vies qu'ils ont traversées.

Quand on pense à la période gallo-romaine, on a finalement peu de sources de fiction : la mythologie gréco-romaine, Astérix... Comment avez-vous réussi à construire cet univers singulier qui caractérise La Voix des pierres ?

J'ai d'abord eu besoin de lire des documents, puis des romans... J'avais, comme tout le monde, assez peu d'éléments sur cette période. Je me suis cette fois beaucoup plus attachée aux sensations et aux sentiments qu'aux faits historiques. Dans la période de création, lors de mes balades, j'ai trouvé un intérêt particulier à me trouver dans des endroits non travaillés par la main de l'homme, m'imprégner des arbres, et de la terre...

Dois-je comprendre que votre toute première histoire, où vous vous perdez et où des créatures minérales vous transmettent les récits du spectacle, est en partie autobiographique ?

Je vous mentirais si je vous disais qu'elle l'était vraiment, mais effectivement, il y a une inspiration certaine... Les paysages bruts racontent des histoires, je suis myope et quand j'ôte mes lunettes mon flou originel me plonge dans une ambiance propice à l'imaginaire.

Comment avez-vous appréhendé la création de ce spectacle ?

J'avoue que le démarrage de cette création a été difficile. J'avais un sentiment d'errance dont je ne suis pas coutumière.
Le fait de trouver le titre, La Voix des Pierres, après l'écriture de l'histoire-boîte a tout déclenché.
J'ai dû m'enfoncer progressivement dans le passé, un peu à la manière des plongeurs, j'ai franchi des paliers : d'abord la période gauloise, puis antique, puis les origines plus anciennes, presque animales, notamment avec le récit Origine... Deux contes sont inspirés par des contes existants dont j'ai pris un argument, et les autres sont des créations.

Avec La voix des pierres, vous nous offrez un texte d'une rare intensité émotionnelle...

En fait, ça s'est trouvé comme ça, ce n'est pas un calcul. Je pense que j'arrive à un moment de ma vie de conteuse et de femme où tout prend une intensité particulière. En fait, je n'ai pu me raccrocher à aucun de mes réflexes, tellement le sujet m'était éloigné. Je crois que j'ai dû plonger dans mes ressources profondes et offrir presque malgré moi quelque chose de plus intense et de plus puissant.

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